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Elle s’appelle Stéphana Dorval, « put some respect on her name »

Se construire malgré tout, entre absences et indifférences, entre doute et cauchemars ; avancer malgré les peurs, malgré les embuches, malgré les pleurs… tel est le credo de cette passionnée de littérature qui s’est réalisée toute seule. À 23 ans seulement, elle est éditrice, narratrice, auteure, poétesse et blogueuse. Son nom est Stéphana Dorval, « and you must put some Respèk on her name !!! »

Via un Tweet publié le 19 mai dernier sur son compte personnel, la jeune femme, fière de son parcours et de ses réalisations réclamait du respect à son nom : « Put some Respèk on my name », avait-elle lancé, après avoir brièvement étalé les difficultés qu’elle a dû affronter. Par conséquent, nous avions pris l’initiative d’aller la rencontrer, et elle nous a fièrement raconté son histoire.

Au fil de l’entretien, nous avons découvert une jeune femme dynamique, indépendante et épanouie dans tous les sens du terme. Stéphana Dorval connait sa valeur et ne trahit jamais ses objectifs, arrivant toujours à les atteindre avec discipline et persévérance. Née à Port-au-Prince, son enfance est partagée entre la capitale et les Cayes, dont elle est originaire. Une enfance pas du tout facile, selon les témoignages de l’étudiante en Gestion des affaires à l’INAGHEI. Stéphana Dorval n’a jamais connu son père et a été de très tôt séparée de sa mère.

Bien souvent, lorsque nous voyons une personne joviale en apparence, bien tenue, nous faisons tout de suite notre conclusion : « elle est aisée, ou encore elle a hérité de la fortune de ses parents ». Mais, tel n’est pas en réalité le cas la plupart du temps… Stéphana Dorval n’a pas l’habitude de révéler ses déboires, tout le monde connaît Kokiiyol (son pseudo), la fille stylée et tendance, toujours souriante sur ses photos Instagram, mais peu de gens connaissent la vraie Stéphana, celle qui a été élevée par une tante, loin de sa mère pour qui elle n’a malheureusement pas eu la chance de développer un trop grand attachement, vu la distance. Cette distance qui l’avait affectée tant, qu’elle a développé des difficultés de communication. Dépressive, souvent refermée sur elle-même et des difficultés à se faire comprendre et acceptée par les autres.

Cependant, elle ne s’est jamais dénaturée pour plaire aux gens. Fidèle à ses valeurs qu’elle s’était construites elle-même, Stéphana a toujours su ce qu’elle voulait : faire carrière dans l’art, le théâtre et les lettres ; des études doctorales en sociologie ; avoir des dreadlocks, tout était clair dans sa petite tête de fillette solitaire… ou presque. Des projets qui avaient suscité des commentaires disproportionnés de la part de ses proches, qui ramenaient tout au fait qu’elle ne vivait pas avec sa mère et qu’elle n’avait pas de père, lui rappelant qu’elle n’avait pas droit à l’erreur. Elle le savait pourtant, elle savait que personne ne lui aurait pardonné ses bêtises. C’est pourquoi elle avait évité d’en faire du mieux qu’elle pouvait, s’autocontraignant à une conduite infaillible. On peut dire que Stéphana ne badine pas avec son respect.

Par ailleurs, elle avait pris la décision de ne pas se laisser abattre par les péripéties, elle avait compris qu’elle devrait s’ouvrir au monde, s’épanouir et se réaliser. Cela ne s’aurait été fait tout seul, d’un trait. Il y a eu certainement des déclics… des petits pas en apparences mais qui en fait représentent de grandes réalisations pour la jeune femme. C’est, de loin, la chose la plus extraordinaire qui puisse arriver à quelqu’un : dépasser ses propres limites. On devient alors plus créatif ; on se découvre de nouvelles aptitudes et on acquiert de l’estime en abondance. Stéphana avait dépassé ses limites, sa persévérance l’a élevée au-delà de ses peurs, au-delà de ses incertitudes. Son entrée à l’Université d’Etat d’Haïti a été l’un de ces déclics. Prise entre la peur de ne pas pouvoir y accéder et celle d’ajouter des charges supplémentaires à ses proches parents qui l’avaient toujours soutenue, et qui seraient obligés de lui payer une université privée, en cas d’échec ; cette admission lui a ouvert la voie. De la fille introvertie qu’elle était, Stéphana est devenue plus ouverte. Et d’autres activités comme la signature d’un recueil de nouvelles avec C3 éditions, deux emplois, etc. ont emboîté le pas.

Un mot pour les jeunes…

La jeune femme, au regard des difficultés qu’elle avait rencontrées au cours de son parcours, constate aujourd’hui une jeunesse sans repères, avec des modèles qui ne le sont pas vraiment. Elle-même avait eu cette difficulté de trouver un modèle, « et c’est pourquoi, dit-elle, j’en suis devenue un moi-même. Le mien. » Elle a poursuivi pour rappeler aux jeunes qu’ils ne doivent pas se livrer aux futilités ; qu’ils doivent se construire intérieurement au lieu de s’agrémenter en fausses apparences. « Vous devez prioriser l’être bien plus que le paraitre ! » Elle insiste sur le fait que les jeunes, surtout les filles, doivent connaitre leur valeur et de ne jamais se laisser rabaisser, peu importe le prix ; exhortation qu’elle leur avait préalablement faite sur son blog, dans un texte titré « lettre à ma petite sœur ».

Sans la situation difficile du pays, Stéphana se serait dit satisfaite du cours sa vie, malgré qu’elle ne possède pas grand-chose. Autonome, elle reste optimiste car elle est convaincue qu’elle est sur la bonne voie. Stéphana s’engage socialement. A travers son blog et sur ses réseaux sociaux, la jeune auteure, dont le premier recueil de poésie « Siwomyèl ak sèl » sera en signature à partir du 5 juin prochain, utilise sa notoriété pour porter un message positif. Elle s’investit dans le progrès de sa communauté et dans la formation des jeunes car elle souhaite que le pays entame sa route vers le progrès.

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Mike Préval

Un amoureux de la vie, des lettres et des images…
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