Littérature

« Hadriana dans tous mes rêves » ou le réalisme merveilleux de Depestre

En 1988, René Depestre fait sortir aux éditions Gallimard son deuxième roman intitulé « Hadriana dans tous mes rêves ». Ce texte, pour lequel le natif de Jacmel reçut le prestigieux prix Renaudot 1988, est, selon les mots de l’écrivain et critique littéraire haïtien Lyonel Trouillot,  » l’un des grands romans haïtiens de la deuxième moitié du XXe siècle ».

Le destin dont il s’agit ici est celui d’une Hadriana Siloé, une jeune Française d’une grande beauté, tombée morte sur les marches de l’autel de l’église Saint-Philippe-et-Saint-Jacques de Jacmel, lors de la cérémonie de son mariage, foudroyée, disait-on, par le oui sacramentel.

D’une plume alerte, l’auteur du « Mât de cocagne » nous livre, à travers les voix croisées de ses deux narrateurs, le récit d’une ville, son Jacmel natal des années 30 en proie à ses mythes – la frontière entre le mythe et la réalité est parfois si mince, voire inexistante! – , le récit d’un amour, d’une nostalgie et celui d’un destin.

Le destin dont il s’agit ici est celui d’une Hadriana Siloé, une jeune Française d’une grande beauté, tombée morte sur les marches de l’autel de l’église Saint-Philippe-et-Saint-Jacques de Jacmel, lors de la cérémonie de son mariage, foudroyée, disait-on, par le oui sacramentel. Cette mort subite mit tout Jacmel en émoi. Hector Danoze, le malheureux époux, fut hospitalisé après s’être évanoui. Patrick Altamont, l’un des narrateurs et aussi l’un des admirateurs de la disparue, n’en pouvait retenir ses larmes.

Mais cette disparition, aussi émouvante fût-elle, n’avait pu taire les festivités carnavalesques de la ville, lesquelles s’ouvrirent le soir du drame, le 29 janvier 1938. Mais c’est seulement parce que  » dans le souvenir des Jacméliens, Nana Siloé [devait] rester associée à la rage de vivre qui l’a brûlée vivement que toute autre jeune fille de sa génération ». Car,  » sa beauté rayonnait plus près des battements de tambour que les glas d’un clocher ».

La ville enterra sa fille chérie le dimanche 30 janvier 1938. Mais, le jour suivant, on trouva au fond de la fosse, à la place de la jolie mariée enterrée au vu et au su de tous, le contenu d’une cruche d’eau de pluie s’évaporant à la chaleur du soleil.

Avait-on zombifié Hadriana ? Qu’était-elle devenue ? Une âme errante ? Un zombie largué ? Si les parents d’Hadriana, qui avaient pris Haïti comme terre d’adoption, ne croyaient pas à ces histoires rocambolesques du « réel merveilleux haïtien en éruption », les autres, dont le jeune Patrick Altamont, étaient convaincus de la réalité du phénomène de la zombification…

« Hadriana dans tous mes rêves » est réédité en 2016 chez C3 Éditions. Vous pouvez vous le procurer au 7 bis, rue Vernet, Delmas 31 ou aux Gonaïves au Centre Culturel l’Amaranthe, 90, rue Louverture.

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Samuel Mésène

Né en 1997, Samuel Mésène est passionné de littérature(s) et de culture générale. Attiré aussi par les sciences politiques, il a intégré l'INAGHEI en 2016 pour des études en relations internationales qu'il a abandonnées au bout de deux ans. Une vie excitante, voilà ce qu'il essaie de vivre, chaque jour, à chaque mot, à chaque geste.
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