Technologie

Zoom sur la monnaie électronique

Selon François Quesnay, figure emblématique des physiocrates, la monnaie est un moyen de solidité de la société. Elle a connu un mécanisme de développement graduel. Suivant ses différentes formes, la monnaie a été l’objet d’un ensemble de mutations au cours du temps dépendamment de son niveau d’acceptation par les agents économiques. L’apparition du troc a engendré la monnaie métallique qui, ensuite, a donné naissance à la monnaie papier pour être, au fur et à mesure, substituée par la monnaie électronique. Le développement des étapes de la monnaie est spécifiquement montré dans l’épanouissement de la monnaie papier et de la monnaie électronique.

Nouvelle étape dans l’évolution de la monnaie

La monnaie électronique apporte de nouveaux moyens de paiement. Ainsi, constate-t-on, elle est entrée dans un cadre de dématérialisation de la monnaie, considérant les nouveautés qu’elle apporte dans les moyens des paiements déjà existants. Cependant, pour certains auteurs comme Nadia Piffaretti, il serait faux que la monnaie ait connu un processus de dématérialisation : la monnaie était immatérielle depuis toujours. De ce point de vue, la monnaie électronique n’apporte aucune nouveauté, au contraire, elle se conforme pleinement à la nature de la monnaie bancaire (Piffaretti, 2019).

La monnaie électronique a une valeur monétaire qui lui est attribuée dans une monnaie nationale. Elle représente une créance pour la personne qui l’a émise. Cette valeur monétaire stockée sur un support électronique (puce d’un téléphone mobile), représente un type de créance jointe dans un instrument qui est accepté par les entreprises. Ce support électronique, qui peut être également stocké la somme d’argent à distance sur un serveur, est disjoint d’un compte bancaire. Les informations de paiement utilisent la technologie NFC (Near Field Communication) pour autoriser des paiements, ou encore sur un compte de paiement en ligne.

De ce fait, les systèmes de paiement se font à partir des cartes prépayées qui limitent considérablement l’utilisation des billets ; ces cartes regroupent un ensemble de services qui peuvent être consommés dans le temps ; les carte-cadeau qui ont la forme d’un coupon qui servent parfois de rabais ressorti du droit commercial ; l’e-wallet qui est un porte-monnaie électronique qui sert de stocker d’argent en ligne sans l’occurrence de son compte bancaire, elt.

Utile, mais pas sans risque

La monnaie électronique, cette nouvelle forme de paiement facilite aujourd’hui les transactions et joue également très bien le rôle d’intermédiation. Ainsi peut-on citer quelques avantages de la monnaie électronique :
Elle simplifie les dépenses en ligne et celles effectuées dans les entreprises autorisant leur acceptation ;
Elle est d’une rapidité record dans les exécutions. Elle réduit les dangers de fraude ;
Elle garantit aux consommateurs, protégés par une convention de cantonnement, une garantie des fonds monétaires ainsi qu’une sécurité optimale des transactions, selon Treezor.

Cependant, la monnaie électronique n’est pas sans risque. Le système financier est exempt de ces inconvénients, ils sont plutôt supportés par les consommateurs, les usagers. Il y a parfois asymétrie d’information, les usagers ne disposent pas de la même quantité d’information que les fournisseurs de services de paiement. Ces informations concernent spécifiquement les procédures des règlements et les modalités et les frais d’utilisation. Certains fournisseurs de monnaie électronique restent dans l’anonymat vis-à-vis les usagers et les consommateurs. Les usagers ne se rendent pas compte des problèmes qui peuvent porter atteinte à leur vie privée car certains fournisseurs de monnaie électronique utilisent un modèle d’affaire fondé sur les recettes qu’ils tirent des publicités en communiquant des renseignements visant les utilisateurs, d’après la Banque du Canada.

De Tcho Tcho mobile à Mon Cash

En Haïti, Digicel, de concert avec la Scotiabank, avait lancé en 2010 un porte-monnaie électronique, « Tcho Tcho mobile » qui, plus tard en 2015, allait être rebaptisé « Mon Cash », une collaboration de la compagnie de telephonie mobile cette fois avec la banque commerciale Sogebank. C’est un porte-monnaie électronique qui est stocké sur un support téléphonique où vous pouvez accéder à tous vos données. Ce moyen rapide de faire des transactions financières, facilite tous ceux qui utilisent le service « Mon Cash » d’effectuer des paiements des biens et services et vice-versa sous forme de « ecash. » Ce mode de paiement permet aux utilisateurs d’acheter des données internet, d’envoyer de l’argent à des proches. Ces transactions (retrait, transfert et dépôt), en espèces, peuvent aussi se faire via un agent autorisé du service Mon cash.

Comme la plupart des monnaies électroniques, le service « Mon Cash » facilite les transactions, réduit le prix de transport et de déplacement ; rend les paiements plus rapides. Sur le plan de la rapidité, le service « Mon Cash » offre la possibilité d’intégration API (Application Programming Interface), pour assurer un rapprochement rapide des systèmes. Ce système a été très efficace lors du confinement provoqué par la COVID 19. Contraint par le confinement et la distance sociale qui s’impose, le gouvernement s’est offert le service Mon Cash pour acheminer un don de 3072 gourdes vers une partie de la population en toute sécurité et rapidité.

LajanCash : une monnaie électronique peu connue

LajanCash, service bancaire lancé par la Banque Nationale de Crédit, est une monnaie électronique qui est stockée sur un portefeuille dénommé « LajanCash ». Il permet de convertir la monnaie physique en monnaie virtuelle. Les dépôts peuvent se faire sur le portefeuille chez un agent autorisé de Lajancash. Cependant, ce moyen de paiement lancé par la BNC, en 2013, n’est pas trop répandu sur le territoire national. Contrairement au service « Mon Cash » qui a des agents autorisés un peu partout dans le pays, LajanCash n’est pas le préféré de la majorité des utilisateurs car il n’a pas une présence remarquée dans le pays.
De nos jours, le commerce électronique (e-commerce) rapporte beaucoup à l’économie du monde. Ce processus d’achat et de vente de produits en ligne par des moyens électroniques représente un champ propice d’investissement pour les investisseurs. Remplaçant peu à peu le commerce traditionnel, le commerce électronique, par son exigence de consommation de données internet, est très peu développé dans les pays à faible moyen et orientation technologique. Ces pays, très limités sur le plan technologique, cherchent des alternatives.

Une gourde digitale ?

En Haïti, nonobstant les outils de paiement mobile LajanCash et Mon Cash, ce type de commerce peine à prendre chair. Dans cette démarche, la BRH lance le projet de la « gourde digitale » qui n’est encore effectif dans le pays. Selon la BRH, la « gourde digitale » devrait favoriser une inclusion financière en incluant toutes les couches sociales du pays à accéder aux moyens de paiement. Toujours selon Jean Baden Dubois, le titulaire de la BRH, reprend Le Nouvelliste, le problème d’interopérabilité, existant dans les systèmes fréquentés de différentes monnaies électroniques, LajanCash, Mon Cash, va trouver une solution avec la « gourde digitale. » Cette dernière tend à limiter la consommation des données internet et faciliter l’accès à des outils au moindre coût. Cependant la gourde digitale n’a pas une fin à remplacer la monnaie physique ce ne serait qu’une complémentarité. Ce nouveau projet lancé par la BRH pourrait être socialement et économiquement favorable pour le pays. En novembre dernier, la BRH a lancé un coucours dont la fin était de doter la nouvelle monnaie numérique d’un logo et de dénommer ladite monnaie. Tout ceci est dans une politique d’inclusion sociale lancée par la BRH via ce nouveau projet.

Certaines personnes tendent à confondre la monnaie électronique avec la cryptomonnaie. Cependant les deux ont d’énormes points de divergences. Les cryptomonnaies ne sont mises à aucune loi financière tandis que les monnaies électroniques sont règlementées par une institution financière. Les autorités centrales ont le droit de geler une transaction de la monnaie électronique sous la demande de son usager, seule la communauté de la cryptomonnaie fixe les réglementations. Les données des transactions des cryptomonnaies sont enregistrés dans la blockchain qui est un registre public, celles des monnaies électroniques restent strictement confidentielles.

La monnaie électronique révolutionne les moyens des paiements. Sa rapidité d’exécution et son importance lui confère une place importante dans le système financier. Ce moyen de paiement, opposé aux monnaies scripturales et fiduciaires présente de grands avantages. Ce qui ne nous permet en aucun cas de minimiser les importants risques qu’il recèle.

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Gusly Jean-Charles

Je suis Gusly JEAN-CHARLES, natif de la ville des Gonaïves, actuellement étudiant en sciences économiques à la Faculté des Sciences Économiques, Sociales et Politiques de l'UNDH et boursier de la Haitian Education Leadership Program (HELP). Je suis passionné de sport et d'écriture. J'invite les jeunes à tirer plaisir et contentement dans les choses de l'esprit et faire de la volonté et de la capacité leur boussole.
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