Une autre Haïti est encore possible
Grâce, la Providence ! Mieux que toute autre chose, l’attitude de reconnaissance envers la divinité devrait être pour nous autres la plus parfaite disposition d’esprit possible. Surtout au niveau de ce coin de terre qui est plus que jamais à craindre. C’est déjà le mauvais endroit ! Et dans le cycle imparfait, ce sont les jours endoloris qui se suivent. C’est encore le mauvais moment ! Demain ne nous est pas promis. La simple et unique raison d’occuper cet espace suffit à satisfaire n’importe quel dommage. L’habiter n’est pas qu’un risque, mais surtout une faute. Nous-autres, j’ai fini plutôt par nous considérer comme les meilleurs protégés de l’être suprême. L’idée m’a paru exceptionnellement marrante, mais il n’y a rien de si délirant à prendre pour héros ceux-là qui y ont fait leur temps. Tant de contrariétés ! Vivre ici est tout simplement un défi inqualifiable.
Il y a bien du mal à subsister. Ça ne fait aucun doute. Le malheur est trop certain d’ailleurs ; de plus, il ne nous appartient pas de l’éviter. Sans nature ni cause, il est devenu naturel et ambiant comme l’air. Il ne cède pas, il s’éteint avec nous. Rien de trop extravagant alors ! Avant tout, on parle d’Haïti. Si aujourd’hui quelqu’un veut s’improviser messager ou annonciateur, il n’a qu’à dire au peuple haïtien que les prochains jours seront plus pénibles, il n’a qu’à présager quelque chose de mauvais. Pour le reste, il ne sera que d’attendre. Tôt ou tard, ça va arriver. Comme quoi, le pire est confirmé d’avance. Mais enfin, quel foutu pays !
Pourtant, je refuse la potion magique qui porterait à présumer que nous sommes un peuple déchu et condamné. J’en disconviens moi-même. C’est peut-être aujourd’hui le vil prétexte de ces gens qui continuent de nager au courant de la corruption et de la médiocrité ; ceux-là qui se maintiennent dans la bassesse et la vénalité ; et qui n’arrêtent pas de jeter la crasse et la guigne au camp des déshérités. Halte !!! De pareilles dépravations nuisent nos esprits innocents ! Ils ont l’instinct du mal, dirait-on, mais les mauvais cœurs sont quelques fois à complimenter.
Je réprouve les vices, je hais l’immoralité, je m’insurge contre l’injustice et toute forme d’abus…Souscrire à leurs manies dérangerait trop bien alors ma nature. Toujours est-il que je préfère m’attacher à la formule qui veut qu’en tout l’homme choisisse la possibilité du bien.
Je ferais mieux de me ranger plutôt du côté de l’idéaliste qui croit encore qu’une autre Haïti est possible ! Oui, nous devons couper court à ce régime injuste et médiocre. Il est grand temps de cracher notre ras-le-bol sur ces individus rapaces et sans grandeur d’âme. Oui, il doit y avoir une meilleure façon.
Tout n’est pas perdu ! Profitons du chaos pour reluire davantage au sommet du monde et reconquérir le cœur de l’humanité. Certes de telles perspectives demandent évidemment beaucoup d’élan et du sang neuf dans les veines. Mais pas de retour en arrière ! Guidés par la lumière que nous avons en nous, nous pouvons frayer un chemin à travers les ténèbres et offrir la rédemption tant souhaitée à la patrie.
Bien sûr, il nous en faudra des hommes forts. Néanmoins, je voudrais croire que tu crois que nous pouvons refaire cette société bien. Et si tu servirais de pion à cette campagne de changement en étant toi-même un vecteur de transformation et d’élévation.
Si tant est que tu le souhaites vraiment, transmettras-tu l’écho de ralliement. Le bien est tout aussi contagieux. Un jour, on se retrouvera !
Ni toi ni moi, nous ne savons quand le voyage sera terminé. Mais bon, la vie ne passera pas à côté, il nous suffit d’avoir lutté. Allons, enfants de cette terre, l’heure est venue de prouver notre caractère de fils dignes et preux. Vaillants comme nos pères, marchons vers l’avenir ! Le succès sera de taille.
Comme au ton de l’hymne : « Demain, la gloire d’Haïti… »
Ce qui est tout de même important, c’est la conscience que nous ne formons qu’un. Toutes catégories sociales confondues ! De même que la douleur de n’importe quel membre est ressentie par tout le corps parce que c’est une seule et même chair, nous devons craindre comme mien le malheur de l’autre et ainsi trouver notre bonheur dans celui du prochain. L’idée est que notre devise « L’union fait la force. » soit rendue visible et praticable, et donc adoptée pour de bon.
Lorsque je dis tout, quand je parle de ça, je n’ai aucune envolée utopique, ni la moindre ivresse à l’esprit. Tout est de l’ordre du réalisable. Pour la simple et bonne raison que nous sommes là, c’est possible. Le changement doit venir de nous et de nous seuls. Si les problèmes sont humains, il advient que nous nous remettions à les fixer nous-mêmes.
Rebâtir la nation, c’est l’hommage le plus concret que nous puissions rendre à nos aïeux ! Unissons-nous dans cette promesse !!!
Je ne suis pas sûr de bien reconnaitre assez les accrocs à notre délivrance…Cependant, j’ai la conviction que les bonnes ressources humaines ne nous manquent pas. Il y a bien ici comme ailleurs de très honnêtes gens et dans presque tous les domaines de la vie ; en sport, en art comme en science, nous en disposons pleins. Mais chez nous, le « The right man at the right place » n’est que de la bonne plaisanterie à la Shakespeare. Hélas ! Tant de mauvais dirigeants nous avons choisis, tant de personnes nous avons abandonnées, tant de diamants laissés au soleil…
Partout, des enfants attendent impatiemment la lueur d’espoir ; il y en a qui sont près, il y en a qui sont dans les lointaines contrées ; plus les jours passent, plus leur confiance se répand dans le doute. Ces petits-fils qui dès fois sur le chemin de l’école se sentent incertains et découragés, une pensée pour apaiser leurs soucis ; ces vieux qui sont aussi perdus dans leurs tourments ; tous déprimés, tous abattus… Que vienne la bénédiction ! Ce sont des histoires vraies, indignons-nous aussi pour eux.
Ceux-là qui croient aux bonnes vertus, à la dignité du travail et aux fruits de leurs efforts ; ceux-là qui promènent chaque jour le bon, l’utile et le vrai par la noblesse de leurs œuvres ; et qui pour ne pas être nés dans la grandeur ne cesseront de grandir et de briller à chaque fois ; à eux, je sympathise de toute ma personne.
Souhaitant que demain ne soit comme hier, qu’aujourd’hui nous ayons plus de bonheur et plus de paix, je rends grâce au Créateur.
Par trop de sueurs et de peines, nous pouvons ne plus être forts comme avant. A renaitre, nous pouvons tout perdre aujourd’hui. Et si tout recommençais… Dis-moi honnêtement, aimerais-tu vraiment que les choses changent ? Voudrais-tu que tout soit à nouveau de la même manière ? Serais-tu encore heureux sans l’autre ? Si tu avais mal agi, referais-tu autant ? A quoi tout cela t’a-t-il profité ami ? Dis-moi ton état d’âme…Qu’est-ce que tu crains, qu’est-ce qui t’alarme ?
Ceci est un sentiment d’amertume, un cri du cœur, une prière de compassion, un appel à la pitié…un geste d’humanité ! C’est en même temps un vœu d’amour et de sagesse, de courage et de foi.
Que le bien qui vient soit pour tout le monde !
Gardy PROPHÈTE