« Féministe », une étiquette à surtout éviter dans notre société
Pourquoi « féministe » serait désormais une étiquette à éviter en Haïti ?
Le féminisme a le vent dans les voiles, dit-on, partout. Pourtant en Haïti nous sommes bien loin d’en avoir fini la confection, alors pour ce qui est de les hisser… C’est pourquoi j’interroge sur cette peur du féminisme. Est-ce parce que l’idée que les gens s’en font diffère fondamentalement de la vraie nature du mouvement ? Ou pire, est-ce parce que nous nous complaisons tous dans le format d’une société patriarcale et sexiste ?
Pour une définition basique, on peut dire que la substance du mouvement est de lutter contre les inégalités de genre et de sexe qui structurent les sociétés dans le monde depuis… On ne sait plus.
Considérées comme l’autre, comme l’être faible, nous les femmes avons dû lutter pour avoir tout ce que nous avons ou, comme beaucoup le pensent, ce que les hommes ont bien voulu nous donner. N’étant plus au temps des suffragettes, le féministe contemporain baroude entre autres contre l’inégalité salariale, le harcèlement, les « crimes d’honneur », la discrimination dans tous les sphères de la vie. Toutefois, des jeunes, bien qu’adhérant aux discours et pensées féministes, ont souvent à cœur de se démarquer de l’appellation même de féministe ; le paradoxe à son comble pensera-t-on.
Pourtant, comprenons bien qu’est mieux vu celui qu’on appelle humaniste que le féministe. Cela se constate davantage pour les hommes car en y étant associés, leur virilité est souvent remise en question, ce qui pour eux constitue, n’est-ce pas, une excuse valable. Ceux, peu nombreux qui osent sont à tort perçus comme nécessairement homosexuels ou traités de lâches, de « Mawozo ». S’il s’agit d’une femme, on ne sera pas surpris d’entendre les habituels « s on fanm lèd », « yon bon nèg li poko jwenn pou dirije l », « ki gason ki pral pran sa », « ahh madivin manzè ye ».
Les couards pensent que nous voulons transformer les hommes en esclaves et les mettre à nos pieds. Je crois qu’ils n’ont pas bien compris le mot « égalité » nonobstant, en toute objectivité, le galimatias des féministes extrémistes. De nos jours, il existe mille et une façons d’être féministe adaptées aux différents courants et aux différents pays. Alors, outrepassons ces stigmatisations et clichés ! On ne peut continuer à nier les violences conjugales, les viols et tant d’autres injustices qui perdurent dans notre société. Faisons partie de cette nouvelle génération militante. Prônons l’Egalité… Osons le féminisme !
Je m’en voudrais de ne pas avoir une pensée dans ce billet pour toutes ces organisations du féministes qui évoluent ici en Haïti qui se sont engagées dans la dénonciation des pratiques sexistes en tout genre et pour l’établissement d’une société égalitaire.
Osons le féminisme haïtien ! Pour, comme le disait Mireille Neptune Anglade, éviter de tomber dans « l’ethnocentrisme occidental ».
Manaska Pierre