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Février, « Black History Month » : ce que cette appellation veut dire

Pourquoi un Black History Month ?

Si, depuis plusieurs siècles, le mois de février est considéré par certains comme le mois des amoureux, puisque c’est le mois de la Saint-Valentin, où les couples profitent pour échanger vœux et présents comme preuve d’amour, ce dernier a tout aussi une très grande importance dans l’histoire de la lutte des noirs dans le monde.

Connu sous le nom de Black History Month ou African-American History Month, le mois de février est considéré comme un hommage aux générations Afro-américaines qui ont lutté afin de réussir à mettre l’excellence noire au vu et au su de tous. Suite à l’abolition de l’esclavage aux États-Unis avec la promulgation de l’amendement de la Constitution, plusieurs organisations ont été mises sur pied et se sont investies dans la recherche sur l’histoire des Afro-américains, tout en faisant la promotion pour la contribution des communautés noires dans tous les domaines de l’histoire locale et mondiale, c’est le cas l‘Association for the study of African American Life and History (ASALH), ayant à sa tête l’historien Carter G. Woodson et le pasteur Jessie E.Morland, qui sont considérés comme pionners de ce mouvement.

Considérant que la famille « Black » ne connait pas un seul endroit puisque les reunions de famille et les recherches d’ascendances génétiques témoignent de la propagation des membres de la famille à travers les Etats, les nations et les continents, Carter Woodson a déclaré que : « L’enseignement de l’histoire des Noirs est essentiel à la survie physique et intellectuelle des Noirs dans le monde ». De ce fait, au fil des années, d’autres organisations ont emboîté le pas et réalisent diverses activités qui sont liées à cette même idéologie. C’est en ce sens que des églises dans des Etats ayant un fort pourcentage d’afro-américains ont rejoint le Journal of Negro History pour rehausser l’initiative, tout comme des mairies font d’elle une fête officielle.

Entre temps, le mouvement dépasse des frontières et plusieurs pays en font une célébration officielle. L’idée d’un « Black History Month » est née aux États-Unis, initiateurs du mouvement, sous le gouvernement du président Gérald Ford en 1976 qui lança un appel aux américains à saisir l’opportunité d’honorer les réussites trop souvent ignorées des noirs américains dans tous les domaines à travers l’histoire. Quelques années plus tard, soit en 1987, la Grande Bretagne s’y associe avec les travaux du ghanéen Akyaaba Addai-Sebo. Et, par la suite, le Canada en 1995 avec la reconnaissance des noirs à la chambre des communes suite aux décisions de la députée noire Jean Augustine et à travers la Ligue des Noirs du Quebec.

Par conséquent, s’il est vrai que certains pays ont rejoint rapidement le mouvement Black History Month, d’autres ne l’ont rejoint que récemment. Telle la France, qui a célébré son premier Black History Month en 2018 à Bordeaux. En Afrique, ce n’est qu’en 2020 que sept pays de l’Afrique ont célébré le Mois de l’Histoire des Noirs à l’initiative de l’Organisation Non-Gouvernementale Africa Mondo sous le titre de Black History Month Africa.

Faudrait-il instituer un temps annuel de commémoration pour la valorisation de l’histoire des réalisations des Noirs ? Tout comme le mouvement ne date pas d’hier, cette question aussi a toujours été au centre des débats depuis des années. Ce mouvement, qui toujours fait la une des journaux que ce soit dans le domaine de la musique, la littérature, la peinture etc., tout en ayant une portée hautement internationale, est cible de nombreuses critiques, que du côté de la communauté blanche que celle des noirs. Qu’elles soient portées sur son institutionnalisation ou sur sa célébration au mois le plus court de l’année, les critiques sont nombreuses. Ne renforcerait-il pas les préjugés à l’égard des noirs ? Une autre critique purement économique est portée à l’encontre du mouvement : ne serait-ce pas un moyen purement marketing afin de vendre certains produits ?

Parlant de critique, il est important de mettre l’accent sur la déclaration de Morgan Freeman : “Je ne veux pas d’un Mois de l’Histoire des Noirs car l’histoire des Noirs est l’histoire américaine ». Il continue pour dire que : « Le racisme perdurera tant que les gens s’identifieront par rapport à leur couleur de peau ou par rapport à leur race ». À ces préoccupations, l’ASALH affirme que l’intention n’a jamais été de dicter ou de limiter l’exploration de l’expérience des Noirs, mais de porter à l’attention du public des développements importants qui méritent d’être encouragés.

En 1986, l’écrivain James Baldwin à proposé la « Semaine de l’hisoire blanche ». Accusé de vouloir railler le mouvement, l’ecrivain eût à déclarer : “Je ne suis pas en train de proposer une parodie de la semaine de l’Histoire Noire. Je veux dire que la vérité au sujet de ce pays est enfouie dans les mythes que les blancs ont sur eux -mêmes ».

En dépit de toutes les critiques, le mouvement reste une institution civique de réhabilitation historique et de reconnaissance politique qui est célébrée chaque année. Qu’en est t-il du Black History Month pour l’année 2021? C’est dans cette même optique que le président américain Joe Biden dans son discours à l’occasion, le 1er Février 2021, invite le peuple américain à honorer l’histoire et les réalisations des Noirs américains et à réfléchir aux siècles de luttes qui nous ont amenés à cette période de reconnaissance, de rédemption et d’espoir. Cette célébration, dont la date est choisie en raison de la Coïncidence des anniversaires d’Abraham Lincoln (12 Février) et de Frédérick Douglass (14 Février), a pour thème cette année : La famille noire : représentation, identité et diversité. Ce thème est adopté afin de montrer combien il est important de donner au public une ligne directrice sur laquelle se concentrer tout en faisant la lumière sur les Universités créées à l’origine pour les noirs américains, la poésie et d’autres activités pour célébrer cette histoire.

En ce qui nous concerne, les questions que nous devrions nous poser, c’est : quel rôle joue Haïti dans le Black History Month ? Quelle place occupe-t-elle ? S’en trouve-t-elle valorisée ? Contribue-t-elle à la valorisation du mouvement ? Des questions dont les réponses ne sont pas du tout évidentes. Faudrait-il à chaque fois se retourner sur la page de la révolution de 1804, où notre belle histoire semble s’être figée, pour marquer un point ?

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Rose-Bianka Petit-Homme

Étudiante en Droit à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l'Université d'État D'Haïti. Passionnée de la lecture et de l'écriture. Ma devise est : Née pour briller. Je suis amoureuse de la musique et intéressée par le droit et la politique.
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