Société

La surpopulation en Haïti : un phénomène à surveiller

Environ 12 millions d’habitants en 2021. Une situation qui devrait attirer notre attention, au plus haut point. Port-au-Prince, le principal centre d’activité du pays, se trouve congestionné. L’absence de politique démographique est l’une des principales cause de ce phénomène qui, s’il n’est pas pris en charge, peut devenir catastrophique.

Durant ces dix dernières années, la ville de Port-au-Prince fut le spectacle d’une explosion démographique considérable. La population haïtienne qui était estimée à 11 millions d’habitants pour l’année 2020 par les prévisions du Statitia research and development (2010) équivaut aujourd’hui aux données des analyses de cette statistique et s’en trouverait même à 12 millions d’habitants en 2021 selon les autres rapports des recherches scientifiques à ce sujet. La croissance de la population haïtienne depuis après le tremblement de terre de 2010 ne cesse de prendre une ampleur très significative. Qu’est-ce qui explique la question de la surpopulation ? Quels facteurs sont à la base ? Tout phénomène social non contrôlé a des répercussions fortement négatives au sein d’une société. A-t-on pensé aux conséquences ? Analysons de près la question.

La surpopulation est un phénomène social. Elle est observée dans plusieurs territoires dans le monde. Dans les grandes villes où les activités économiques sont très rentables, la population est très souvent élevée du fait que, beaucoup de travailleurs et des gens qui cherchent un aller mieux s’installent dans ces villes. En Haïti la situation économique est très précaire, la plupart de la population haïtienne vit avec moins de 2,41$ par jour et un PIB qui s’est contracté de 0,9% (banque mondiale 2019) ce qui explique une croissance économique très faible. Les ressources qui sont peu exploitées et qui sont aussi mal distribuées entraînent par la suite le chômage qui lui même incorpore la pauvreté.

Port-au-Prince qui représente le centre d’activité du secteur économique et le lieu où s’exerce l’administration de l’État se trouve concentré, la circulation devient quasiment impossible, les rues sont débordées. Il n’y pas moyen de se déplacer sans heurter une personne en chemin ou un véhicule. Sur le trottoir, c’est une avalanche de marchandises tout au long de la route, on est obligé de marcher entre le trottoir et la route pour ne pas causer une catastrophe dans l’étalage de ces différents produits.

La ville est surpeuplée. Cette surpopulation est liée d’abord, à la natalité chaque année la population croît en moyenne de 22.6% par an, sur 1000 habitants ( Banque mondiale, 2018), ce qui explique en amont la croissance démographique. Cependant, nous ne sommes pas réfractaires au renouvellement de la population mais bien au contraire, il faut qu’il y ait un contrôle dans les naissances c’est à dire de mettre un ensemble de règles et de principes pour la gestion des naissances dans les familles. Nombreux sont les enfants qui errent ça et là dans les rues faute de moyens pour leurs géniteurs de subvenir à leurs besoins primaires et c’est eux qui, par la suite, servent de pion dans la dynamique de l’insécurité.

Ensuite, la surpopulation est en étroite corrélation avec l’économie. Dans les années de 1970-1980 la population était fortement rurale l’agriculture représentait la seule source de revenus mais, aujourd’hui celle-ci est à son état le plus dégradant, la production est faiblement pris en compte par l’État ; les paysans qui sont livrés à leur propre sort sont découragés devant la culture de la terre qui ne rapporte qu’une maigre pitance par manque de structure et d’encadrement. Ces campagnards laissent le pays en dehors selon le terme attribué à Gerard Bathelmy pour venir s’installer dans la capitale. L’hébergement se fait souvent chez un proche ou chez un certain gran Don de la ville soit, en tant que domestique ou en tant que laquais. La migration de ces milliers de paysans et paysannes à Port-au-Prince conduit à la naissance de nouveaux métiers, par exemple : repasseuse, cireur de bottes, lavandière, nettoyeur/se, ménagère pour ne citer que ceux-là. Vivant dans des conditions très difficiles ces derniers habitent les quartiers mal famés de Port-au-Prince et se trouvent exposés de mille et une manières à des maladies car, les maisons constituées pour la plupart des cas d’une ou deux pièce(s) contient généralement 6 à 8 personnes respirant sous le même toit. Sans pour autant parler des jeunes qui viennent parfaire leurs études secondaires ou universitaires et une autre partie qui sont en quête d’emplois sont soumis à ces mêmes situations piteuses.

La république d’Haïti est centralisée, l’ensemble de ces services restent à Port-au-Prince ce qui fait que, une grande partie de la population vient chercher ces services dans la capitale malgré le transfert de quelques-uns dans les autres départements et des collectivités territoriales mais c’est très minime et peu efficace parce que, le pouvoir administrant le pays reste centralisé, il faut de la part de l’Etat une redistribution et une décentralisation de ses pouvoirs et de ses obligations vers d’autres autorités compétents qui peuvent répondre aux demandes de la population rurale et citadine. Il faut qu’il y ait la construction de nouvelles infrastructures (hôpitaux, écoles, universités etc.) pour rendre les services multiples. Quelqu’un n’a pas besoin de parcourir plus de 200 km pour venir chercher un service qu’il aurait pu trouver dans sa localité.

Nous sommes aussi devant un problème d’urbanisation. Les constructions réalisées dans le pays ne répondent pas aux normes internationales, ce qui fait que les routes sont coincées et rend du même coup la circulation difficile pour une population qui aura à s’occuper quotidiennement de leurs activités. En effet, le manque d’infrastructures routières dans la zone métropolitaine entraine un embouteillage grandiloquent. Surtout dans les marchés, on est en présence d’une bousculade constante, une foule d’individus se déferle par-ci et par-là soit pour faire place à un véhicule qui vient ou des transporteurs de marchandises.

Cependant, tous ces faits se résument en un seul c’est : l’incapacité de l’État à mettre en place des projets de développements pour réduire le taux du chômage et de la pauvreté et de créer un climat de bien-être dans les différents départements pour au moins avoir le contrôle de la surpopulation.

De ce qui précède, la surpopulation en Haïti est un problème auquel on peut remédier. Elle ne constitue pas en soi un phénomène mauvais, ça démontre plutôt la mouvance d’une population mais quand elle n’est pas contrôlée ça risque de causer non seulement, une destruction du système rural haïtien basé majoritairement sur la terre et aussi une déstructuration dans le corps social comme la bidonvillisation et la paupérisation des masses qui se déplacent en grand nombre vers le milieu urbain.

L’explosion démographique est un phénomène qui doit être géré et contrôlé par l’État. Il doit intervenir en menant une politique de déconcentration et de gestion des naissances sinon ça risque de devenir pire et ce n’est nullement notre souhait.

Sources

• Banque mondiale
• Statitia research and development
• Population data


Victor Erica

Étudiante à l’IERAH

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