Santé

Sage-femme, ce métier qu’on ignore

Jadis, en Haïti, la différence entre le domicile et l’hôpital pour accoucher était moins importante car nos ancêtres, ayant des notions limitées de médecine, devaient se tourner vers la médecine traditionnelle pour exécuter diverses opérations médicales, d’où les sages-femmes qui, nonobstant ce défaut de formation dans le domaine obstétrique, accouchaient nos mères et nos sœurs au gré de la nature, mais aujourd’hui la différence est significative. En quoi consiste vraiment le métier de sage-femme ? Doit-on faire des études pour devenir sage-femme? Y a t-il vraiment des risques quand on se fait accoucher par une personne qui n’a aucune formation médicale ?

Le rôle d’une sage-femme

Le terme sage-femme est employé pour désigner toute personne (homme ou femme) ayant « la connaissance et l’expérience de la femme ». Dans le nom sage-femme, le terme « femme » fait référence à la femme enceinte, et non au sexe de la personne qui exerce le métier. C’est à dire qu’un homme, s’il le désire, a tout à fait le droit de suivre la grossesse d’une femme, d’établir des diagnostics, de faire des prescriptions et d’accoucher en tant que « Maïeuticien », bien que le métier ne soit représenté que par 2.6% d’hommes.

Si la naissance du bébé est le point d’orgue de la fonction maïeuticienne, il s’agit aussi d’accompagner la femme enceinte tout au long de la grossesse et jusqu’au 7e jour de vie du nouveau-né. Avec des responsabilités de plus en plus importantes. L’activité de la sage-femme ne se limite pas à des gestes techniques : elle a aussi un rôle relationnel très important. Il doit savoir expliquer à la future mère comment vont se dérouler les étapes successives, la rassurer et associer le père à ce moment important.

Les sages-femmes sont des professionnels de santé dotées d’un pouvoir de diagnostic et d’un droit de prescription. Il assure la surveillance, le suivi médical de la grossesse et dispense aussi les soins nécessaires à la mère et à l’enfant après l’accouchement. Les sages-femmes ont des missions qui dépassent largement le cadre de la grossesse et de la naissance. Elles sont un maillon essentiel dans la prise en charge de la santé d’une femme. 

Une étude est-elle importante?

En Haïti, surtout dans les zones les plus réculées du pays, en dépit de l’evolution de la médecine les gens se livrent toujours à cette pratique qui consiste à accoucher des femmes sans aucune formation médicale. Ces personnes se font appeler « Fanm-chay », l’équivalent créole haïtien de Sage-femme. Dans la plupart des cas, ce sont des hommes et des femmes sans aucune formation professionnelle, plus ou moins âgés, qui prétendent détenir une connaissance empirique du domaine et accouchent des femmes dans certains endroits du pays ou les hôpitaux sont quasi inexistants.

Le sage-femme a pour mission d’accompagner les femmes enceintes tout au long de leur grossesse, de l’établissement du diagnostic jusqu’au jour de l’accouchement. Plus largement, elle assure aussi le suivi gynécologique. Ce métier difficile demande à la fois des compétences médicales et psychologiques. Puisque de nos jours certains systèmes de santé, comme le nôtre, tentent de reconnaître à ce métier une base scientifique, et en font une profession reconnue par l’État. Désormais, il existe des cours pour se faire sage-femme. La nécessité de faire des études en maïeutique, vient du fait que le rôle d’un sage-femme n’est pas seulement de demander à la femme de pousser l’enfant, il doit  lui enseigner non seulement les positions pour que l’accouchement aille plus vite, mais aussi il doit pouvoir contrôler le mouvement de ses os et de ses tissus, pour supporter la douleur.

Le professionnalisme des sages-femmes

Il est vrai que la plupart des femmes haïtiennes aimeraient voir l’arrivée de leur bébé dans un environnement calme, avec le moins de personnes possible, un environnement familier. Elles souhaiteraient aussi être suivie par la même personne, une voisine du quartier, pour instaurer un climat de confiance.

Certaines femmes à la campagne se font accoucher par un sage-femme par habitude et d’autres parce qu’il n’y a pas de centre de santé. D’une manière générale, les femmes qui optent pour l’accouchement à la maison le font parce qu’elles n’ont pas envie d’aller à l’hôpital et préfèrent opter pour le confort d’un habitat qui leur fera se sentir à l’aise. Mais accoucher à domicile n’est pas sans risque surtout quand la personne qui s’en charge se base beaucoup plus sur le côté traditionnel que professionnel. D’abord on ne naît pas sage-femme, on le devient : certains par expérience, d’autres en l’étudiant, ou les deux (dans le cas d’une formation sur le tas) parce que les champs d’intervention et de compétences des sages-femmes sont riches et variés.

Dans un accouchement, pousser l’enfant est un acte très difficile surtout quand ce n’est pas un professionnel qui s’en charge. Il est vrai que les grands-mères sont les moins choquées par l’accouchement à domicile ; elles répondent souvent « comment tu crois qu’on faisait nous à l’époque ? » Cependant, toutes les femmes ne peuvent pas le faire, pour y arriver il faut une grossesse impeccable sur toute la ligne, parfaite sur un plan physiologique et sans aucune ombre au tableau (grossesse multiple, hypertension, diabète, prématuré etc.). Dans l’exercice de leur profession, les sages-femmes peuvent être confrontés à des situations stressantes et dangereuses pour la mère ou l’enfant. À l’aspect médical de la profession s’ajoute tout le travail de prévention que les sages-femmes doivent effectuer auprès des mères isolées.

En cas de complications dans un accouchement à domicile, si les hôpitaux sont débordés et la réactivité des services d’urgences pour la prise en charge de quelques problèmes (hémorragies) ne sont pas disponibles, la situation sera extrêmement compliquée pour la mère et l’enfant. Dans un accouchement à domicile, se tourner vers une maternité en cas de complications et au dernier moment peut-être très dangereux. Débarquer sans dossier, sans sérologie c’est ajouter une charge de travail dont n’ont pas besoin les médecins.

Aujourd’hui, même si elles sont largement minoritaires, de plus en plus de femmes aimeraient accoucher à la maison ou du moins, avoir le choix entre clinique et domicile. Tenant compte des risques et des imprévus qu’il y a derrière les accouchements, sans oublier l’inefficacité de notre système de santé, il serait mieux de se faire suivre par une personne qui a une connaissance scientifique du domaine.

close

Abonnez vous afin de recevoir les derniers articles publiés

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Marckenley Élie

Marckenley Elie est un passionné de la lecture. Rédacteur à Rektili, il pense qu'on peut lutter contre la désinformation qui est toxique et meurtrière.
Bouton retour en haut de la page