Société

Comment osez-vous ?

Tout à commencé avec la diffusion d’un documentaire intitulé, Haïti : La loi des gangs, réalisé par la chaine de télévision française M6. On y présente les déboires de la police nationale face aux associations de bandits qui règnent en toute impunité et qui terrorisent la population. On n’y montre également une population fatiguée et à la merci de l’insécurité.

Mais étonnamment, ce documentaire a fait jaser quelques pseudos patriotes, dénonçant le fait qu’il ne montre que le mauvais côté de notre cher Haïti. Haïti : La loi des gangs, dresse le tableau d’un pays dominé par l’insécurité, qui règne en maître et terrorise la population ; un pays où le kidnapping est devenu norme, où les bandits sont de plus en plus puissants. Ils enlèvent n’importe qui, n’importe où et n’importe quand sans inquiétude. La police nationale est impuissante face à ces gangs qui sont beaucoup mieux équipés. On a pour exemple, la déconvenue de l’unité S.W.A.T. le 12 mars dernier à Village de Dieu face au gang « 5 segonn ».

Par conséquent, la population reçoit de plein fouet les retombées économiques, sociales et psychologiques de cette insécurité. Les gens désertent le pays, qui devient de jour en jour plus asphyxiant. Toutes les destinations sont bonnes en dehors d’Haïti. On serait d’accord que ce travail nous présente tel que l’on est aujourd’hui, mais ce n’est pas l’avis de tout le monde.

Pourtant, ces quelques « patriotes », dénoncent le documentaire arguant qu’il est beaucoup trop orienté ; qu’Haïti ce n’est pas seulement les gangs, la misère, l’insécurité et le kidnapping. Haïti, c’est aussi les belles plages, l’histoire, les beaux hôtels en somme les petits coins paradisiaques. Certes, on y convient mais, comment osez-vous ? Donc, il faut occulter le quotidien de la majorité sous prétexte qu’il existe de belles choses dans le pays qui ne sont accessibles que pour une minorité ? Qu’en est-il de la majorité qui vivent l’enfer au quotidien, les exclus, ceux cantonnés à évoluer en marge de la société ?

Bon nombre d’Haïtiens vivent sous le seuil de la pauvreté extrême et vous osez leur parler d’endroit où il fait bon vivre. Ces endroits existent bel et bien mais ce n’est point la réalité du gros du peuple. Notre réalité est celle du kidnapping qui dure depuis deux ans, celle où les bandits font la loi, celle d’une inquiétude incessante. Notre réalité est celle d’une société qui va lentement mais surement vers l’ensauvagement.

Vous avez osé prétendre que le « documentaire » salissait l’image du pays, donc mettre en lumière la situation des masses avilies par nos hommes politiques avides est synonyme de salir notre pays ? Non et non ! D’ailleurs, parlant de salissement, nos politiciens véreux s’occupent très bien de salir l’image du pays. A moins qu’on ne parle pas du même pays. Tout compte fait, personne ne peut nier qu’il existe deux versions du pays, ceux qui parle des coins paradisiaques : les beaux paysages, les belles plages, les beaux hôtels. Et de l’autre coté ceux qui essayent de survivre ; ceux qui sont appauvris ; ceux qui vivent au jour le jour et ceux qui désertent pour une vie meilleure hors des murs étouffants d’Haïti.

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Djeffree Life Milfort

Étudiant en communication sociale à l'INUKA, Djeffree Life est un passionné de lecture et un défenseur farouche de la langue créole.
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