Politique

Haïti : Un énième appel à l’aide qui ne va pas changer grand-chose

Henri Bergson a écrit que l’avenir n’est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. Victor Hugo, quant à lui le définit comme une porte dont le passé a la clé. Ces citations, vielles depuis longtemps, ne sont pas démodées. Leur actualité tient au fait que les idées qui traversent ces définitions renvoient à la place qu’il faut accorder à des actions proactives. Elles ne traitent pas seulement de l’avenir, mais soulignent aussi l’importance devant être accordée à la discipline, aux actions, aux choix et aux prévisions. L’avenir se construit.

La triste réalité que vit Haïti ces derniers temps, n’est pas une situation spontanée. Elle est la résultante d’un ensemble de comportements qui n’ont jamais tenu compte du bien-être des générations futures. Les différents gouvernements qui s’y sont succédé, ont chacun tenté de faire appliquer leurs plans (souvent étriqués) de politiques publiques. L’Etat haïtien ne dispose pas d’un document-cadre qui relate point par point une politique générale avec des objectifs clairs, temporels. L’avenir en Haïti est souvent appréhendé de manière émotionnelle. On s’attend à des miracles. On attend Dieu, on attend ses anciens maîtres. On fait fi des capacités intellectuelles, de la compétence, du savoir-faire et du savoir-être. En somme, la clé qu’offre les échecs passés pour ouvrir la porte de l’avenir n’est jamais utilisée.

En date du 16 mars 2021, via un communiqué de presse, le gouvernement actuel et la communauté humanitaire ont lancé un appel pour la mobilisation de 235,6 millions de dollars afin d’apporter une réponse d’urgence à 1,5 millions de personnes sur les 4,4 millions en besoin d’assistance humanitaire en Haïti. Cette initiative quoique louable, n’a fait que mettre en exergue l’inaptitude des pouvoirs publics à répondre de manière efficace et efficiente aux besoins de la population. D’ailleurs, l’Etat haïtien, depuis le 19e siècle, est construit sur de mauvaises approches de gouvernance : politique de doublure, corruption et dilapidation, absence de politiques publiques, gouvernements éphémères, dictature, fraudes électorales, qui ont donné les résultats que nous avons aujourd’hui.

L’appel à l’aide est devenu répétitif et l’absence de programme de développement n’a jamais été aussi évidente. Prenons en exemple les catastrophes liées aux cyclones, la saison cyclonique revient chaque année à la même période, ceci n’empêche nullement qu’après chaque intempérie que ce soit le même refrain de désolation. Autre exemple, Avez-vous remarqué qu’aucune construction grandiose, symbolique, auguste n’existe ? On sera tenté de citer la Citadelle, les forts (en ruine et non exploité), mais ces monuments sont vieux de deux siècles. De nos jours, Haïti n’a rien qui traduit la beauté et la grandeur de cette époque post- moderne dans laquelle nous vivons.

En définitif, la nation haïtienne doit être repensée. Le concept de l’avenir, doit prendre un autre sens dans le subconscient collectif. Les citoyens ont besoin d’apprendre à voter des programmes de développement et exiger la concrétisation de ceux-ci. Et surtout, les jeunes d’aujourd’hui doivent apprendre la discipline, la gestion des ressources, le droit des générations futures et surtout la nécessité de construire. Ne dit-on pas que celui qui n’apprend pas de ces erreurs est un nigaud ?

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