Société

La rentrée des classes face à la récréation des gangs

Ce qu’il faut penser de la rentrée par rapport à la pullulation des gangs.

La rentrée a été reportée. Elle avait initialement été prévue pour le 6 septembre, suite à un conseil des ministres en date du 2 septembre, la circulaire sur la rentrée publiée par le ministère de l’éducation nationale indique qu’elle aura lieu désormais le 21 septembre 2021 pour les zones non touchées par le séisme et 4 octobre pour celles en ayant touchée.

Malgré cela, parents et élèves ne se montrent trop enthousiastes, et paraissent assez inquiets. A la radio comme à la télé, à travers différents reportages et certaines discussions, on peut voir la désolation flagrante de plein de gens. La cause : la perturbation des gangs sur la cour de récré avant même la rentrée des élèves.

Chaque rentrée scolaire charrie toujours de son lot de remous au sein de la population haïtienne. Ces plaintes sont le plus souvent d’ordre économique, ce qui amène à des préparatifs tardifs par manque de ressources financières. La hausse des prix des divers matériels scolaires, tels que les livres, les uniformes, les souliers etc. Le même refrain revient en boucle annuellement : « Nous ne sommes pas encore prêts ».

Cette rentrée parait assez particulière. Une rentrée surtout marquée par le contexte de l’insécurité, la recrudescence des kidnappings en particulier. L’industrie de l’insécurité fonctionne à plein régime, elle touche désormais toutes les couches de la société. Face à cela, en février 2020, l’ancien président, Jovenel Moïse, avait remobilisé la Commission nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion (CNDDR), qui avait pour mission de garder les gangs en salle de classe. Mais malheureusement, c’est un secret de polichinelle que la connivence des membres de la direction – les dirigeants du pays – et des élèves chéris de cet établissement : les (400) mawozos, G9 familles et alliés, GPEP…, a permis à la sonnerie de la cloche de la récréation. Et nous avons bien longtemps assisté à la décente des gangs sur la cour.   

Les livreurs de la violence ont déjà pris place pour écouler leurs produits en vue de desservir la population. Nous avons constaté la présence de « petites pluies », mais le menu reste le même sur la cour de l’école : c’est la joie des armes, c’est du barbecue, des cartouches en liesse, mitrailleuses, fusils d’assaut, tous sont de la partie… c’est la récréation des gangs.

Après un moment d’accalmie, « 5 secondes » suffisent pour la remontée de la violence, des meurtres et d’attaques de tout genre sur la cour de l’école – la capitale d’Haïti… et de l’autre côté ceux/celles qui attendent la rentrée sont obligés de prendre la fuite.

Nous sommes dans une situation où la violence finit par s’installer comme norme. Et ceci, sous le regard silencieux et complice du directeur : Monsieur Ariel Henri. Dépassé par les événements, il ne sait même pas à quel saint se vouer. Il est distrait par l’odeur suffocante du barbecue, probablement son plat préféré. Pendant ce temps-là, les élèves attendent désespérément la fin de la récréation des gangs.     

Chétiny Dorsainvil

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