Pourtant nous ne sommes que des mal baisées… des frustrées
« Ce sont des mal baisées, des cocufiées, des frustrées ». Autant d’adjectifs péjoratifs qualifiant les femmes qui s’engagent dans la lutte pour l’égalité sociale, civique, politique et économique des femmes aux hommes.
Des textes religieux qui ont toujours omis le décompte des femmes, à l’éducation qui leur ont toujours été refusée, les femmes ont cessé de courber l’échine et se sont organisées pour la revendication de leurs droits, droits pour lesquels les hommes n’ont jamais eu, de leur côté, à secouer leurs petits pouces. Avec Olympe de Gouges qui a rappelé la présence de la femme dans la société, en rédigeant la fameuse Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, la première pierre du féministe est posée.
On reproche au féminisme de corrompre les bonnes mœurs, parce qu’une femme qui s’approprie son corps frôle ce que l’on ne blâme point aux hommes. On ne peut pas dire que Marie couche-toi là est l’équivalent de Don Juan. On reproche au mouvement de briser des familles car les femmes sont bâties en superwomen, capable de tout endosser sans se froisser, ni se blesser. Quelles sont les considérations à l’égard des prouesses qu’a réalisées le féminisme depuis son parcours des pays de l’Europe, de l’Amérique à Haïti ?
Il a fallu attendre ses exploits pour que la femme jouisse des droits politiques, qu’elle puisse disposer de ses propres revenus économiques. Elle a toujours été traitée en incapable, ballottée entre l’autorité de son père et celui du mari qu’il faut absolument qu’elle se trouve pour ne pas être « vieille fille ». Comment nomme-t-on un homme qui a décidé de ne pas se marier ? La femme a été longuement un être infantilisé jusqu’à ne pouvoir décider de sa profession. Ce n’est qu’en octobre 1943 dans Haïti et ses femmes que Madeleine Bouchereau Sylvain nous rapporte que les jeunes filles eurent accès au lycée sous les vives exigences de la Ligue féministe d’Action sociale. Après un combat de longue haleine que la Ligue a mené, ce n’est qu’en janvier 1955 que les femmes votèrent pour la première fois, soit cinq ans après qu’elles aient obtenu le droit.
Ailleurs la lutte s’était diversifiée, le féminisme a pris le large et s’est intéressé à autres choses que les droits sociaux, économiques et politiques, il combattait les violences, revendiquait la liberté sexuelle. Alors que chez nous on jetait les premiers jalons. La troisième vague est apparue comme une rupture et un mouvement beaucoup plus spécifique, donnant naissance au black-féminisme, au féminisme intersectionnel.
Pour ses remises en question et ses brutales ruptures avec les règles déjà établies, le féminisme est jusqu’à aujourd’hui peu ou pas du tout valorisé, malgré ses longs et incéssants combats ayant conduit à de nombreuses acquisitions pour la femme.