Thara L. M. Saint Hilaire : « le combat contre le patriarcat n’a jamais été un combat mené contre les hommes »

 Le féminisme ,mouvement prônant l’égalité des sexes,  est entravé , depuis sa genèse , d’une incompréhension qui frôle l’aversion à cause des différents préjugés dont il en est l’objet. Parmi eux, il y a le mythe que le féminisme est un combat mené contre les hommes . Or le féminisme en défendant la cause des femmes par la promotion de l’éradication du patriarcat défend aussi un principe qui se rattache aux droits humains . Autrement dit, le « féminisme » serait un « humanisme » parce que les droits des femmes sont des droits humains . Sachant que le patriarcat se définit comme étant un système social où le pouvoir est détenu exclusivement par les hommes c’est-à-dire le pouvoir est pour les hommes et par des hommes. En effet, dans ce genre de société les femmes sont exclues et minoritaires en droits et en opportunités . Il est donc nécessaire de se demander si lutter contre le patriarcat revient implicitement à lutter contre les hommes c’est à dire à renverser la tendance donc à établir une suprématie feminin , ou à lutter contre un système répressif pour les humains afin de rééquilibrer la balance du pouvoir dans la société donc d accoucher de l’égalité homme-femme ? Pour répondre à cette question il est nécessaire de passer le mouvement féministe haïtien à la loupe pour déceler des éléments affirmant ou infirmant le fait que Le féminisme soit un humanisme .

 

 

 

 

 

   Le mouvement féministe haïtien dès sa création en 1934 avec « la ligue féminine d’action sociale ( LFAS) » s’est donné pour objectif comme tout mouvement féministe de defendre les droits des femmes et des filles en combatant le patriarcat . Les militantes féministes haïtiennes mettent en exergue les inégalités sociales et réclament leur droits de jouir pleinement de leur droit . Le patriarcat n’est pas synonyme des hommes c’est-à -dire que combattre le patriarcat ce n’est pas combattre les hommes. C’est plutôt mené un combat contre un système qui privilégie uniquement les hommes .

 

     La recherche de l’égalité par les femmes n’est pas un prétexte pour atteindre une supériorité sur les hommes . Les femmes ayant été reléguées au second plan depuis des siècles connaissent et comprennent la charge d’être un être inférieur et ne cherche pas à imposer cette frustrante situation hommes. Autrement dit , Les féministes remettent en question la hiérarchisation sociale , historique , politique et économique de la société haïtienne . Les féministes ne veulent pas enlever aux hommes les privilèges qu’ils ont , elles veulent accroître les privilèges des femmes pour qu’ils soient sur le même pied d’égalité que celui des hommes.

 

      Le féminisme ne fait pas que conserver les privilèges que les hommes ont déjà dans la société haïtienne à savoir le droit de vote , l’accès plus facile aux postes de direction etc , il les augmente en combattant le patriarcat , la culture du viol , le sexisme et en repensant la masculinité toxique que le patriarcat impose aux hommes. Les hommes supposés être forts doivent réfréner leur sentiment , doivent prendre en charge la totalité des charges financières de la famille. Ne sont pas pris au sérieux s’ ils disent être violés . Il est difficile pour les hommes d’avoir la garde des enfants lors des divorces . Donc les privilèges accordés aux hommes par le patriarcat à des contrepoids et peuvent  avoir des conséquences désastreuses sur les hommes.

 

     Depuis 1987, SOFA , KayFanm , et plus récemment Toya et Negès Mawon,  pour ne citer que ceux-là , lutte activement contre les violences à l’égard des femmes et pour la construction d’une société égalitaire entre hommes et femmes . Les organisations féministes haïtiennes qui sont le visage du mouvement féministe haïtien prend en compte les besoins des femmes défavorisés , démonétisée qui se retrouve au plus bas de l’échelle sociale haïtienne. Le féminisme ne saurait éclore en Haïti sans être un humanisme , compte tenu du contexte socio-culturel haïtien et de notre histoire en tant que peuple.

 

 

 

 

 

     Ainsi le féminisme est un humanisme parce que le mouvement féministe en général ainsi que le mouvement féministe haïtien bénéficie aux hommes et aux femmes . Le féminisme est une lutte  pour l’égalité des femmes et non pas leur supériorité . En plus l’obtention de l’égalité homme femme permet aux hommes d’avoir de nouveaux privilèges , en leur offrant par exemple de vivre une masculinité non toxique, loin des codes du patriarcat. C’est à dire que le combat contre le patriarcat n’a jamais été un combat dirigé ou mené contre les hommes. Tout en prenant en compte que le droit des femmes sont des droits humains. Autrement dit,  le mouvement féministe haïtien a toujours voulu l’éradication du système oppressif qu’est le patriarcat. Ce système les empêche en tant que femmes de jouir de la plénitude de leur droit . Toutefois, est-ce que le féminisme en plus d’être un humanisme n’est pas un initiateur d’un nouvel ordre sociétal et mondial ?

 

 

 

 

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