Politique

Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de suivre l’idéal dessalinien

Le 17 octobre 1806, celui dont le courage, l’abnégation, le patriotisme permirent à la première République noire de voir le jour fut sommairement exécuté au Pont rouge.

Comment celui qui a été condamné à être au bas de l’échelle sociale de la colonie a-t-il pu atteindre le sommet ? Comment l’esclave a t-il pu devenir empereur ? Comment celui qui n’a jamais été scolarisé dans sa vie a-t-il pu diriger une nation si jeune avec des fondements idéologiques qui sont, jusqu’à aujourd’hui, prêchés par certains dirigeants politiques et font l’objet de grandes études ? On n’entre pas dans un mort comme on entre dans un moulin, avertissait Jean Paul Sartre. Certains commentent la vie de l’empereur de manière trop hâtive et superficielle. Au contraire, sa vie, ses œuvres, sa lutte, ses combats vont au delà de ce qu’on pourrait imaginer d’un homme politique. Dessalines, c’est une vie dédiée et immolée pour la postérité. Bien plus, sa vie ne s’arrête pas sur l’être Haïtien, elle est un combat contre le colonialisme, le racisme et l’esclavage dans le monde entier.

D’origines afro-caraïbéennes, il est né sous le nom de Jean Jacques Duclos, le 20 septembre 1758. Le jeune Duclos grandit sous les yeux de sa tante Victoria Montou, surnommée grann Toya. Elle apprit au futur empereur comment se battre dans un combat au corps à corps et comment lancer un coûteau. A l’époque, Duclos travaillait sur un champs de canne-à-sucre comme ouvrier. Plus tard, à 30 ans, il s’affranchit, prend le nom de Dessalines et s’installe dans la plaine du Nord. C’est en 1791 que Dessalines fait son entrée dans la lutte révolutionnaire de Saint-Domingue aux côtés de Bookman et de Biassou. Après avoir gravi cette première marche en 1791, Dessalines ne cesse d’escalader les strates jusqu’à devenir le premier chef d’Etat de la première République noire. Il fût un chef d’Etat quasi irréprochable. Nombreux sont ceux qui veulent faire passer l’empereur pour un brutal ayant massacré des milliers de blancs. Des analyses trop superficielles pour être objectives. On dira que c’est de l’histoire, mais c’est Oscar Wilde qui dit « De nos jours, tous les grands hommes ont leurs disciples et c’est toujours Judas qui rédige la biographie. » Du moins, on ferait mieux de se focaliser sur les rêves de l’Empereur, ce que l’on appelle souvent l’idéal Dessalinien.

De toute l’histoire du pays, jamais un dirigeant politique n’a su articuler un discours politique aussi cohérent et prometteur. Les grandes idées de l’idéal Dessalinien sont : premièrement, l’unité nationale qui veut que nous soyons unis malgré nos divergences et nos différences. C’est par elle que nous avons pu accéder à l’indépendance, si l’on se souvient de la fameuse rencontre au camp Gerard. Il est un homme louable d’autant plus qu’il met de côté son ego pour tendre la main à l’autre, un homme qui est prêt à franchir les barrières sociales et oublier le passé rien que pour faire le bien. Ensuite, il y a la souveraineté nationale, qui veut que nous soyons maîtres de nous-mêmes et de notre pays. On se rappelle sa fameuse déclaration « nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous-mêmes. » Puis, la justice sociale qui cherche à établir des conditions saines de vie pour tous. Aujourd’hui, pire qu’avant notre nation en est loin. Jamais l’Empereur n’a baissé les bras devant les inégalités. On ne va pas oublier son cri « Et les nègres dont les Pères sont en Afrique, n’auront-ils rien ? ». Enfin, l’intégrité nationale et la reconstruction de l’économie, qui exigent le respect du sol Haïtien non seulement par l’étranger mais par l’Haïtien lui-même et la réévaluation de notre économie pour la fortifier et la rendre prospère.

Aujourd’hui, face à l’idéal Dessalinien où en sommes-nous ? Deux cent quinze ans après sa mort, la situation est alarmante. Si l’on ose écrire en cette occasion, ce n’est pas pour commémorer sa mort puisque nous en avons perdu le droit et la légitimité de le faire. On le fait pour évoquer et dénoncer l’urgence. Si l’on ne réagit pas le plus rapidement possible, on risque de le regretter amèrement.

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Mike Creedlyn Eugène

Étudiant à la Faculté des Sciences Humaines (UEH).
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