Politique

Pendant ce temps… les politiciens haïtiens

Lors d’un point de presse organisé le lundi 30 août 2021 par la Commission de recherche d’une solution haïtienne à la crise, à l’hôtel Montana, des « militants » ont fait irruption afin de semer la pagaille. En pleine crise – politique et la situation d’un pays qui vient de subir un séisme de magnitude 7.2 sur l’échelle de Richter, ces hommes politiques nous ont encore gratifié d’un spectacle désolant, dont eux seuls possèdent la recette. Entre manipulations, retournement de veste, stratégies, guerre d’ego, maladroitement, le jeu du pouvoir continue.  

En effet, des militants de « Fòs militan Chanmas », ont interrompu la cérémonie de signature d’un projet d’accord élaboré par la commission de recherche d’une solution haïtienne à la crise (CRSHC), qui avait lieu à l’hôtel Montana, le lundi 30 août 2021. Dans une ambiance chaotique, une salle sens dessus-dessous, ces militants scandaient avoir déjà trouvé un accord avec leur président, en l’occurrence le sénateur Joseph Lambert. D’autre part des militants, eux partisans de l’accord ont condamné l’attitude des perturbateurs, tout en arguant que les fauteurs de trouble ont été envoyés par les sénateurs Joseph Lambert et Youri Latortue qui ne sont pas signataires de l’accord en question. Des allégations tout de suite rejetées dans une note signée, Joseph Lambert. « J’apporte un démenti formel et catégorique à toute implication à la conception ou à l’exécution des actes de vandalisme ayant troublé cette rencontre » s’était-il défendu. 

Pendant que le grand Sud fait face à de plus en plus de problèmes, notamment la grande lenteur de l’Etat quant à une réponse immédiate et efficace aux victimes du séisme, la recrudescence des cas de kidnapping ces derniers temps dans la capitale, etc. Il existe d’autre part des politiciens qui ne trouvent rien d’autre à faire, dans une situation aussi tendue, que de se bagarrer. Les hommes politiques haïtiens continuent leurs querelles sempiternelles, tout en oubliant leurs obligations envers le peuple. Au lieu de converger leur force afin d’effectivement trouver une solution à une crise qui n’a que trop duré et d’apporter leur aide dans le Sud, dans la mesure qu’il le peuvent, ces politiciens préfèrent s’attarder sur des querelles, n’ayant pour seul but l’accès à des postes de décisions, sans les responsabilités qui vont avec bien sûr. 

Par ailleurs, le Secteur dit Démocratique et populaire (SDP), par le canal de Me André Michel, a sévèrement taclé la CRSHC. L’ancien candidat à la présidence a tenu à prendre ses distances de « l’accord de la société civile », avec le langage véhément qu’on lui connait bien sûr. « Ce sont des audacieux qui se sont planqués quand il fallait mener la bataille politique. Maintenant, ils veulent apporter des solutions. « Je yo chèch anpil », a tonné l’avocat, qui a tout de même signalé que la SDP est prêt à discuter pour obtenir un accord politique. Cependant, il a exprimé ses préférences pour une autre entité de la société civile, une structure baptisée « Mache pou lavi ». 

D’autre part, nous avons le premier ministre, Ariel Henry, qui dans un autre hôtel, cette fois à la Karibe Convention center, entouré de représentants « d’organisations de base », s’est dit favorable à un accord politique. Après l’accord politique, il y aura un replâtrage au niveau du gouvernement, a-t-il suggéré. « L’exercice sera difficile », a confié Ariel Henry. Le chef du gouvernement soutient « qu’il faut des élections rapidement », qu’il n’est pas favorable à une « transition longue », que sous son règne, il n’y aura pas de prisonniers politiques, pas d’exilés politiques. « Il y a des procédures à respecter. Je ferai tout ce que je peux pour que la justice soit respectée », a signalé Ariel Henry, qui a rencontré ces « organisations de base » à l’initiative de Sinal Bertrand, ex-député de la commune de Port-Salut. Les politiciens haïtiens ne jurent que par des accords, comme si chacun d’eux détient la clé pour sauver la situation. Quand nous connaissons la kyrielle d’accords, de commissions que ce pays a connu, le constat est simple, ces accords restent et demeurent un moyen parmi tant d’autre de passer la population dans la farine. 

Entre accords politiques, fractures, alliances, fusions, intérêts, comme d’habitude les politiciens d’ici se prêtent au jeu du pouvoir, et le peuple en est exclu. En témoignent les déboires de la population dans le Sud du pays qui peine à se nourrir, à dormir et le flou qui existe autour de la rentrée des classes. Et l’ex-première dame qui réitère ses intentions de devenir la successeure de son défunt mari.

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Djeffree Life Milfort

Étudiant en communication sociale à l'INUKA, Djeffree Life est un passionné de lecture et un défenseur farouche de la langue créole.
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